Proche et lointaine, fluide
Frédéric Amblard, artiste peintre
Un mouvement dans le ciel – l’ombre d’un nuage – révèle des zones nocturnes et des plages lumineuses. Par le jeu des nuées – cette matière fluide – les échappées s’ordonnent. Elles filent au rythme d’une force qui les dépasse en même temps qu’elle les génère : supérieure. La nature a ses formes, dont on s’étonne qu’elles provoquent parfois un hasard propice : compositeur.
Monique Orsini agirait-elle à partir des nuages ?
A grands traits d’ombres, véhéments comme un coup de vent quand bien même jeté, elle installe des lointains lumineux. C’est une peinture gestuelle, mais si légère, si transparente, qu’on croirait la buée sur un vitrage. Ne bougez pas : avec un peu de chance la trace se stabilisera sur son support, et on en conservera l’effroi ou la quintessence.
Qu’est la peinture ici ? Un éphémère lancé dans la vibrante nature…
Il ne sait quel espace l’accueillera. Mieux dit : il hésite à arrêter l’échelle ou le geste de l’artiste le situera. Des trajectoires infinies aussi bien que les replis du psychisme s’offrent à lui. Notre œil éphémère glisse à l’intérieur de la toile, animé par la brosse calligraphe de l’artiste. Il pressent qu’une aire d’illusion lui est ouverte. L’illusion, il le devine, n’est pas une terre faite pour durer. Pourtant, l’éphémère s’enveloppe de peinture. Et la peinture, du dedans au dehors, court vers ses fins – humide et sèche à la fois.
Monique Orsini a du charme : verte et bleue aujourd’hui, avec son regard… raffiné ?